Violation des droits humains des déplacés à Port-au-Prince

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Un groupe de policiers accompagnés de civils armés ont détruit un camp de déplacés à la Place Jérémie

Jeudi 22 décembre 2011

Le Collectif pour la Défense du Droit au Logement qui regroupe diverses organisations dont le FRAKKA, le GARR, la POHDH et la PAPDA, dénonce avec force, l’action malhonnête perpétrée par un groupe de 5 policiers associés à des civils armés, dans la nuit du 20 au 21 décembre 2011, à l’encontre de plusieurs dizaines de familles de déplacés refugiés à la Place Jérémie au cœur de la capitale, depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010.

Le Collectif a pris contact dans la journée avec la Mairie de Port-au-Prince pour en savoir davantage mais le responsable à la Communication de l’institution a déclaré: « La Mairie de Port-au-Prince n’est concernée ni de près ni de loin dans ce qui s’est passé à la Place Jérémie.  En outre, la Mairie est contre ce qui est arrivé car cela s’est produit dans la violence». Autrement dit, cet acte d’expulsion brutale a été décidé par les policiers eux-mêmes en complicité avec des malfaiteurs agissant en pleine nuit.

Le Collectif demande à la Direction de la Police Nationale d’Haïti (PNH) ainsi qu’au Ministère de la Justice de prendre des sanctions contre tous les policiers impliqués dans cette expulsion arbitraire et de poursuivre les civils armés qui étaient leurs complices.

Cette violence exercée contre les déplacés-es de la Place Jérémie avait débuté peu après minuit lorsqu’un responsable de l’Association des Jeunes de Bas-Peu-de-Chose, Dominique, s’était introduit sur la Place pour identifier les familles trouvées sous les tentes. Peu de temps après, un groupe d’individus armés de bâtons, de lames de rasoirs et de couteaux ont fait irruption sur les lieux et se sont mis à agir avec violence, en présence de 5 policiers, selon des témoignages concordants recueillis auprès de plusieurs victimes rencontrées par le Collectif. Ces individus détenaient des sommes d’argent placées dans des enveloppes; une fois l’enveloppe transmise, ils abattaient aussitôt la tente. Dans leur empressement à effectuer cette expulsion nocturne, les agresseurs n’ont laissé guère de temps aux familles. Ainsi, des tentes se sont effondrées sur des enfants endormis que leurs  parents ont du récupérer sous des débris. Il y a des déplacés-es qui ont tout perdu. Le Collectif a remarqué des femmes enceintes, des parents et enfants désolés de ce qui leur est arrivé.

Aux environs de midi, ce 21 décembre, il reste encore une quinzaine de tentes à la Place Jérémie, mais ce n’est pas pour longtemps, car une menace d’incendie plane sur les lieux. Le mot d’ordre est que la place soit totalement libérée en vue d’un programme musical prévu le samedi 24 décembre, et pour la réalisation duquel, des sommes auraient déjà été distribuées, selon les déclarations de plusieurs victimes.

Le Collectif se demande d’où ces individus ont pu tirer cet argent et ce pouvoir de sorte qu’ils puissent exercer ces violences en pleine nuit, contre de nombreuses victimes du tremblement de terre du 12 janvier 2010 sans que personne n’ait pu les freiner ?

Il convient de souligner que ces expulsions forcées ont eu lieu dans la nuit du 20 décembre, date à laquelle le président Martelly réalisait un programme de distribution de cadeaux dans l’aire du Champ-de-Mars où sont refugiés un nombre important de déplacés-es.

Le Collectif pour la Défense du Droit au Logement rappelle qu’Haïti comme Etat-membre de l’Organisation des Nations-Unies est concernée par les Principes directeurs régissant les déplacés-es internes. L’un de ces principes requiert que l’Etat planifie de concert avec les familles déplacées en raison d’une catastrophe, tout particulièrement avec les femmes, leur relogement en toute quiétude et dans le respect de leurs droits et leur dignité.

Le Collectif demande au gouvernement de prendre toutes les dispositions pour mettre un terme aux agissements de ces individus armés qui bénéficient de la complicité de policiers pour conduire des attaques nocturnes contre les camps de déplacés. Si les autorités centrales et locales ne réagissent pas, le Collectif devra considérer cette passivité comme une forme de participation dans cette violation caractérisée des droits de la personne.

Le Collectif exhorte les autorités municipales de Port-au-Prince et le Ministère des Affaires Sociales à venir en aide en urgence à ces familles victimes pour une deuxième fois, et leur trouver un abri sûr.

Pour le Collectif de Défense du droit au logement :

Colette Lespinasse, GARR

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