P-au-P, 5 avril 2011 [AlterPresse] — Les réactions sont partagées au niveau des différents secteurs de la société suite à l’élection de Joseph Michel Martelly à la tête d’Haïti.
Joints au téléphone par AlterPresse, certains estiment que Martelly n’apportera aucun changement aux mauvaises conditions de vie de la population, alors que d’autres invitent à accorder le bénéfice du doute au chanteur avant de se positionner.
Evans Paul, porte-parole de la plateforme politique Alternative, deuxième force politique au parlement, invite à adopter « une attitude d’observation avant de se prononcer sur la nature du nouveau régime ».
« Il appartient à tous d’agir selon leurs consciences. Que ceux qui l’appuient, le fassent et que ceux qui ont des réserves observent pour savoir s’il faut se placer dans l’opposition », déclare-t-il à AlterPresse.
Evans Paul, croit qu’il faut respecter le choix du peuple et souhaite que le nouveau président haïtien puisse faire face à ses responsabilités avec vigueur en faisant appel à des hommes et femmes compétents.
C’est l’expectative du coté du Mouvement Paysan de Papaye (MPP), une des organisations paysannes les plus anciennes et les plus importantes du pays.
« Maintenant nous attendons que Michel Martelly tienne ses promesses », confie à AlterPresse le fondateur du MPP, Chavannes Jean Baptiste.
Selon lui, une fois en charge du pays après la confirmation de sa victoire le 16 avril et après la passation des pouvoirs en mai, Martelly devra montrer clairement sa volonté d’appuyer l’agriculture paysanne contre l’agriculture industrielle.
Pour sa part, l’organisation paysanne Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen (Union des Petits Paysans Haïtiens) confie que l’élection du chanteur ne suscite aucun espoir parmi les membres de ce regroupement d’envergure nationale.
« Il n’y aura pas de changement dans les conditions de vie des masses populaires », prévoit Osnel Jean Baptiste, porte parole du comité exécutif de l’organisation paysanne Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen (Union des Petits Paysans Haïtiens).
De son côté, le professeur Camille Chalmers, de la Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA), considère que l’on s’achemine vers l’application d’« une politique qui sera en prolongement des options qui ont dirigé le pays durant les dernières années ».
Chalmers reproche notamment au président élu l’absence « de réponses concrètes pour le respect des droits fondamentaux des citoyens ».
« Michel Martelly sera sous la dictée de l’international », soutient-il dans sa conversation téléphonique avec AlterPresse.
Guy Numa, membre du Mouvement Démocratique Populaire (MODEP), va dans le même sens et juge que « les pratiques ne vont pas changer ».
Les principales décisions, seront prises au niveau de la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH) et non des autorités nationales, explique t-il, soulignant que la CIRH est la « concrétisation du projet impérialiste pour le pays ».
« Ce n’est qu’un changement de chauffeur mais c’est toujours le même véhicule », s’indigne Numa.
Suivant les résultats préliminaires, Michel Martelly a obtenu 67,57% des voix lors du second tour du 20 mars et a battu Mirlande Manigat qui a obtenu 31,74% des suffrages. [rh kft gp apr 06/04/2011 12:00]