Haïti-Sécurité publique : Manœuvres armées inquiétantes d’anciens militaires

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Haïti-Sécurité publique : Manœuvres armées inquiétantes d’anciens militaires

vendredi 10 février 2012

« Ils n’agissent pas sous la bénédiction du gouvernement », affirme le ministre de la défense nationale

P-au-P, 10 févr. 2012 [AlterPresse] — La population nationale s’interroge sur les manœuvres armées entreprises depuis plusieurs semaines en divers points du territoire par des groupes d’anciens militaires, revêtus d’uniformes spécifiques, qui ont investi d’anciens campements des défuntes forces armées d’Haïti.

Les exercices sont surtout observés dans la municipalité de Carrefour (au sud de la capitale, département de l’Ouest), aux Gonaïves (Artibonite / Nord) et au Plateau central (Nord-Est).

Aucune donnée pertinente n’est divulguée, ni sur les sources de financement, ni sur les commanditaires de ces « groupes » se positionnant sous le label « d’anciens militaires démobilisés » (de 1994) pour reprendre, depuis 2011, des entraînements militaires, sans aucune disposition administrative.

Ces anciens militaires, démobilisés en 1995 sous l’administration du président Jean-Bertrand Aristide, « n’agissent pas sous la bénédiction du gouvernement », déclare à AlterPresse le ministre de l’intérieur, des collectivités territoriales et de la défense nationale, Me. Thierry Mayard-Paul.

« Nous les invitons tous à garder leur calme. Le processus de réhabilitation des forces armées est très complexe et doit être conduit de manière rationnelle, progressive et profonde ».

Le prochain recrutement se basera sur « l’ordre, la discipline et la légalité constitutionnelle », annonce Mayard-Paul qui n’a pas précisé les délais que s’accorde le gouvernement du premier ministre Garry Conille.

Le maire de Carrefour, Yvon Jérôme – qui ne veut pas commenter cette nouvelle situation – admet que d’anciens militaires ont réellement pris d’assaut, sans une décision officielle, une ancienne base militaire située dans le quartier de Lamentin (carrefour, périphérie sud de la capitale).

« … Ce qui est confirmé, c’est qu’ils sont là-bas (à Lamentin) », affirme Jérôme.

Ces genres de dossiers impliquent d’abord des prises de « décisions politiques », considère, pour sa part, Garry Desrosiers, porte-parole adjoint de la police nationale d’Haïti.

Contrairement à ses premières assertions favorables à la date du 18 novembre 2011 [1], la présidence haïtienne a manifesté des hésitations, début janvier 2012, à fixer une échéance pour le rétablissement d’une armée.

Le président Michel Joseph Martelly n’a pas encore soumis aux pouvoirs législatif et judiciaire les éléments contenus dans un premier rapport d’une commission ad hoc, transmis fin décembre 2011 à la présidence.

Ladite commission, qui a vu le jour en novembre 2011, se donne un délai jusqu’en mai 2012 pour formuler ses propositions finales.

La police nationale d’Haïti est, depuis 1995, la seule force armée officielle, effective sur le territoire d’Haïti à côté des forces onusiennes déployées après maintes résolutions du conseil de sécurité de l’organisation des Nations Unies (Onu), la dernière remontant à juin 2004 et renouvelée depuis lors tous les ans (en octobre de chaque année) avec des objectifs plus nuancés au fur et à mesure.

La position de Martelly pour l’existence d’une nouvelle force armée en Haïti est diversement interprétée par les secteurs nationaux et internationaux.

Pour certains, cela ne représente point une priorité à l’heure actuelle, au regard des multiples défis (notamment environnementaux), auxquels fait face Haïti.

Pour d’autres, y compris de voix émanant d’anciens officiers et haut-cadres militaires, remettre sur pied une nouvelle force armée suppose des préalables, comme beaucoup de débats de concertation avec différents secteurs nationaux, sur la mission à profiler, d’autant que l’armée défunte – qui a participé à plusieurs coups d’État militaire- est responsable de nombreuses atrocités sur les citoyennes et citoyens. [rh rc apr 10/02/2012 1:00]

[1] La date du 18 novembre – qui correspond à la dernière bataille de l’armée indigène contre les colons français, en novembre 1803, pour la conquête de l’indépendance d’Haïti le 1er janvier 1804 – était officiellement retenue comme commémoration de la bataille de Vertières et fête des forces armées.

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